Le SNALC reçu en audience par Geoffroy de Vitry, Haut-Commissaire, le 8 avril 2024 a défendu les postes et les conditions de travail des personnels.
Compte rendu du SNALC

THÈME

La réforme des lycées professionnels.

L’ESSENTIEL

La transformation de la carte des formations : fermeture des formations dites non insérantes et le développement des formations courtes en 1 an.

Le parcours différencié en terminale bac pro.

Le développement de la « formation professionnelle » au sein des Lycées Professionnels au détriment de l’enseignement professionnel.

LE SNALC A INSISTÉ SUR…

L’indigence du projet de « Vademecum pour l’accompagnement des professeurs dans le cadre de la réforme des lycées professionnels » présenté le 26 février 2024. En effet, ce document se contente de lister les dispositifs statutaires existants : changement de discipline, détachement, etc… Ce qui n’est pas à la hauteur des postes menacés non seulement par la fermeture des formations dites non-insérantes mais également par le développement des formations courtes d’un an de spécialisation professionnelle (mention complémentaire et FCIL) où les enseignements généraux sont règlementairement absents. Le SNALC a donc réitéré son exigence de moyens dédiés au niveau ministériel.

Au-delà des menaces sur les postes de PLP, le développement des formations « bac+1 » aura un triple effet d’éviction pour les élèves. Mécaniquement, il fait perdre au bac pro sa place de diplôme de référence pour le niveau 4 de qualification. De plus, la plupart des MC de niveau 4 sont accessibles à tout type de bacheliers. Enfin, dans le cadre de l’apprentissage possible jusqu’à 30 ans, l’appétence des entreprises pour des candidats plus matures n’est plus à démontrer.

Le SNALC a exposé la désorganisation des 3 ans de la formation Bac Pro avec la mise en place d’un parcours différencié poursuite d’études supérieures ou insertion professionnelle en terminale Bac Pro. Pour le parcours poursuite d’études supérieures, le SNALC a pris bonne note que pour le Ministère il est évident que les Chefs d’Établissement devront veiller à ne pas remettre en question l’équilibre vie privée/vie professionnelle des PLP lors d’éventuels changements d’EDT. Le SNALC a remis également en perspective l’intérêt pédagogique de l’option poursuites d’études supérieures pour les élèves au regard des dispositions juridiques l’encadrant : aucune incidence sur la possibilité au non de poursuite d’études supérieures, choix par défaut pour tous les élèves sans convention de stage signée et possibilité de changement de parcours en cours de période. Alors même que l’absentéisme en lycée pro bat déjà tous les records : 12,9 % en 2021-2022 contre 5,9 % en LGT – DEPP note d’information n°23-14 -, le MEN répète en pire l’erreur du bac Blanquer. Quant aux 6 semaines de PFMP pour le parcours insertion professionnelle, il oblige à repenser le calendrier des PFMP obligatoires pour la délivrance du Bac Pro pour les trois années de formation. Le départ en PFMP des secondes et des premières sera totalement à exclure de la mi-mai à fin juin, et ce, sans compter la concurrence des élèves de seconde GT appelés eux aussi à faire 2 semaines de stage en entreprise en juin. De fait, la mise en place d’un parcours différencié en terminale n’est pas une réponse à l’absence des PLP réquisitionnés pour les jurys d’examen des candidats des CFA privés. Le remplacement de courte durée ne l’est pas non plus. De plus, la réforme de la VAE qui prévoit une augmentation des candidats et une présentation devant le jury dans un délai de 3 mois maximum va augmenter les absences des PLP face élèves. A ce sujet, le SNALC a bien noté la réponse ministérielle lui assurant que le cahier des charges des DEC tenait compte du calendrier des vacances scolaires et que le nombre de sessions de jury pour la VAE se limiterait à 3 sessions en juin, septembre et février.

Le SNALC a également rappelé son opposition à la mixité des publics. En effet, la présence d’un public adulte au sein d’un groupe classe donne que très rarement lieu à une collaboration harmonieuse entre des scolaires soi-disant plus rompus aux savoirs académiques et des stagiaires ou des apprentis plus expérimentés dans les gestes professionnels comme présentée dans les documents du MEN . Cette cohabitation imposée complexifie le travail de l’enseignant et dégrade la qualité de la formation de tous les « apprenants ».

Enfin, le SNALC a fait part de sa vive inquiétude quant à la sécurité au sein des lycées professionnels. La mission première des LP est la prise en charge d’élèves mineurs. À ce titre, un cadre strict est appliqué lors de l’accès aux établissements, pendant les cours et les intercours. Cadre souvent méconnu ou mal accepté par les adultes « apprenants » ou « intervenants » dont la réforme augmente le nombre au sein des LP. Comme pour l’absentéisme, les LP détiennent déjà le record du taux moyen d’incidents graves : 20,2 pour 1 000 élèves en 2022-2023 – Note d’information Depp 24-04 – Il conviendrait que notre employeur s’en souvienne avant de décider d’ouvrir à tout vent les LP.

Rédigé par Valérie Lejeune-Lambert, secrétaire nationale du SNALC chargée de l’enseignement professionnel